Friday, February 23, 2007

Haut Brion, la passion

Le blog du vin aimerait vous relayer cette belle histoire trouvée sur le site lapassionduvin et rédigé par Jean Claude Fauré... Regalez vous :

En ce jeudi 13 novembre, le temps est plutôt maussade sur Bordeaux. Je dispose de ma journée mais, l'envie de partir à l'aventure n'est pas vraiment au rendez-vous. Pluie, froid, grisaille...pufffff! Et puis, le déclic! Je me remémore ma rencontre sur un stand Italien, lors de vinexpo, avec Mme Clara (je ne me souviens plus du nom. Je me souviens par contre qu'elle est Danoise ou Suédoise, donc charmante forcément), responsable de la communication du Château Haut Brion qui m'avait proposé gentiment de venir visiter Haut Brion après la folie vinexpo.

Il est 10h30, je prends mon téléphone, compose le numéro et la demande. C'est Clara au téléphone (nous sommes d'un coup très intimes) «Mais bien sûr. Venez nous rendre visite. Nous vous ferons visiter nos installations. C'est ma collaboratrice qui vous accompagnera car, cette AM, je reste avec mes enfants. Vous serez seul avec elle pour cette visite». Rendez vous est donc pris à 15H.

J'arrive à 15h15, ces maudits embouteillages sur la rocade n'en finissant plus. La collaboratrice est bien là. Charmante elle aussi avec un délicieux accent anglo-saxon (peut être une citoyenne américaine). Ma timidité est telle que je n'ose lui demander. Et là, c'est le rêve. Je suis réellement seul avec elle. Le vaste et superbe Château est d'un calme incroyable. Les lambris sont chaleureux, la lumière est tamisée. Personne. Rien au monde ne saurait nous séparer...mince! Ma malaria tropicale fait des siennes! Je délire! Si effectivement nous sommes seuls, en parfait gentleman, je ne laisse rien transparaître de mon émotion. Et la visite démarre.

Petite explication historique en préambule. La naissance de Haut Brion remonte à 1533 sous l'impulsion de Jean De Pontac. Dès 1677, le cru acquiert ses lettres de noblesse notamment outre-Manche. C'est cette renommée précoce qui fera de Haut Brion, grand des Graves, un 1er cru classé en 1855 à l'instar des plus illustres Médocains. Le Château restera sous la coupe de la famille De Pontac pendant plusieurs décennies. Passons les différents propriétaires pour retenir l'arrivée en 1935 du financier new-yorkais Clarence Dillon dont le portrait trône dans le couloir aujourd'hui, à l'entrée du Château. De nos jours, ses descendants assurent la direction du domaine.

Cette présentation achevée, nous évoquons le domaine en lui-même. Sa superficie totale est de 74 ha, comprenant les 43 hectares en cépages rouge et les 2,7 hectares en cépages Blancs de Haut Brion. Le reste étant réparti entre La Mission Haut Brion (propriété acquise en 1984), La Tour Haut Brion et Laville Haut Brion. La Mission n'est pas le second vin (cela, je pense que tout le monde le sait) mais il n'y a pas de différence de sol entre les deux grands, seulement une différence de niveau (La Mission est située sur un plateau avec un terroir plus riche quand Haut Brion se trouve sur une croupe, 30 mètres au dessus du niveau de la mer, sur un terroir plus pauvre.) On retrouve sur les deux terroirs l'argile, le sable, et les gros galets, typiques de ce sol de graves.

Nous passons dans le cuvier où sont alignées 17 cuves inox. En 1961, les premières cuves inox apparaissent. Cette apparition sera fortement critiquée dès le début mais sera par la suite reprise par les plus grands Châteaux Bordelais. Ici, c'est un point majeur de la vinification de Haut Brion. Un précurseur en la matière dans les GCC. Aujourd'hui, ces cuves ont 2 niveaux depuis 1987 pour La Mission et 1991 pour Haut Brion.

Les vins sont élaborés selon une méthode que Jean Bernard Delmas veut la plus traditionnelle possible, en privilégiant l'expression du terroir. Les tries sont effectués à même la vigne (aucune table de trie chez Haut Brion) ce pour diminuer les risques liés au transport, puis les grappes sélectionnées sont acheminées dans le Château où elles seront éraflées, foulées pour être placées ensuite dans le haut des cuves inox où la fermentation alcoolique doit démarrer et se poursuivre 2 à 3 semaines durant à cet endroit. Ces cuves disposent toutes d'un moteur individuel qui permet d'effectuer les remontages à la date et heure prévues par un programme informatique interne. C'est assez étonnant et terriblement efficace de toute évidence. Le souhait étant de réduire au minimum les interventions, toujours pour garder l'expression du terroir. Par la suite, le jus s'écoule, par gravitation, dans la partie inférieure de la cuve. Il y restera de 10 jours à 1 mois (Les restes issus de la fermentation sont récupérés pour être dispatchés dans d'autres cuves inox et cela pour préparer le vin de presse). Après cette seconde période de «gestation», débute l'assemblage. Celui-ci se fait à partir d'échantillons pris à même les cuves inox et non dans les fûts en bois qui sont eux réservés à l'élevage. Les dégustations de ces échantillons se font majoritairement à l'aveugle.

Et là j'ai droit, je pense, à un petit privilège qui est de visiter le laboratoire. Dans ce lieu où l'on est loin des arômes traditionnels du vin, c'est le chlore qui domine les sensations. Ca picote! Aujourd'hui, 2 stagiaires sont présentes: l'une est Mexicaine, l'autre Colombienne (C'est l'Internationale de Haut Brion). Au total, 5 stagiaires participent pendant 9 mois à l'élaboration de Haut Brion et de La Mission. Là, il y en a 3 en vacances: C'est pas normal! Je vais appeler le Recteur de L'université D'oenologie de Bordeaux, la fac où ces stagiaires sont recrutés! Leur principal job, c'est le contrôle de la maturité et cela démarre dans la vigne. Mais, ce labo est aussi un lieu de recherche bien sûr et c'est ici qu'en 1994, 8 clones de Cabernet Franc, 11 Clones de Merlot et 15 de Cabernet Sauvignon ont vu le jour et furent ensuite présentés à l'INAO pour agrément. Actuellement, 30% du vignoble de Haut Brion est le produit de l'implantation de ces clones. La sélection clonale est une révolution dans le vignoble Bordelais. Il faut avouer que la théorie est particulièrement séduisante. Imaginez un pied de vigne idéal dont les qualités seraient telles qu'il donnerait le meilleur vin possible d'un terroir donné, tant en quantité qu'en qualité. Dès 1970, JB Delmas s'intéresse à ces nouvelles recherches et met sur pied le programme qui démarre en 1974 pour aboutir, 20 ans plus tard à la présentation à l'INAO.

Nous quittons le laboratoire du Dr Mabuse et nous gagnons la tonnellerie. A l'instar de Margaux notamment, Haut Brion dispose sur place d'un atelier. Un ouvrier de Seguin Moreau demeure sur place toute l'année. Là, il assemble les pièces en provenance de l'Allier puis effectue la chauffe. C'est le principal intérêt pour Haut Brion: Contrôler la chauffe. En règle générale, ils effectuent une «chauffe -» cela dans le but de ne pas accentuer les arômes boisés.

Petite discussion autour des tonneaux puis passage dans le premier chai dans lequel trônent les barriques du 2002. 900 barriques sont entreposées. La climatisation est électronique et les murs épais. A côté se trouve la vinothèque du Château. Un petit coup d'oil pour le plaisir et un instant de recueillement en présence d'un 1848, le plus vieux millésime disponible dans ce lieu. Le rêve s'empare de moi. Je sors mon tire-bouchon (attention, pas de propos équivoques ici!), découpe la capsule (c'est mon rêve, je fais ce que je veux, donc y a une capsule) et entame l'ouverture....et là, une petite tape sur l'épaule me réveille et nous passons alors au deuxième chai, situé en dessous et où, déjà, le blanc 2003 s'élève et où encore le rouge 2003 va bientôt arriver. D'ailleurs, je l'entends s'approcher et il est temps alors de remonter dans le premier chai pour, enfin, déguster. Y fait soif et j'ai la langue bien sèche.

Un petit mot sur le millésime 2003. Je vous ai parlé des 17 cuves inox du cuvier. Sur ce nombre, seulement 12 sont réservées au 2003 rouge. Ce millésime s'annonce plutôt bien. Exceptionnellement, les vendanges ont débutées le 23 août pour les rouges et le 13 août pour les Blancs et se sont terminées le 15 septembre. Soit 2 à 3 semaines plus tôt qu'à l'accoutumé. L'acidité est assez faible mais Jean Bernard Delmas n'a pas souhaité la «trafiquer». Faible elle est, faible elle restera. Les quantités récoltées, elles, sont aussi plus faibles qu'à l'accoutumée (les rendements moyens du Château se situent entre 50 et 55 hecto/ha et cette année, ils atteignent difficilement les 38 hecto. Les clones mis en place leur permettant de garder qualité et quantité). Le vin présente un niveau tannique plutôt élevé, une couleur plus claire, moins de jus et plus de peaux/jus. Sa qualité, Delmas la situe entre «très bon et exceptionnel» pour le Haut Brion rouge et carrément «exceptionnel» pour le Haut Brion blanc. Voilà pour le 2003, passons à son cadet, le 2002.

Haut Brion 2002: Franchement il est bon! Bien, allez, on se casse.....Meuhh non! Je vais quand même vous en dire un peu plus. C'est le seul que je goûterai (de millésime), alors je l'ai savouré. Qui plus est, j'étais en charmante compagnie. Voilà, nous y sommes. Mon accompagnatrice allume 2 bougies à chaque extrémité d'un tonneau et nous observons le vin. La robe est magnifique de clarté, de luminosité avec des reflets bleutés du plus bel effet. Nous sommes loin d'une concentration tapageuse mais, Haut Brion 2002 nous joue déjà le registre de la finesse. Ce vin est resté 1 an 1/2 en barrique (70 à 80% de neuves) et ce qui me frappe au premier abord c'est que le nez ne reflète nullement une présence boisée. Le fruit rouge est envahissant. En bouche, on retrouve une grosse matière, beaucoup de fraîcheur, des arômes de fruits rouges toujours mais aussi des notes de boite à cigares et une élégance immense. Les tannins sont francs, massifs mais d'une exceptionnelle finesse. Le boisé est toujours aussi discret, presque inexistant. Les fruits mûrs enrobent désormais mon palais. La longueur est éternelle et la persistance somptueuse. C'est la première fois que je goûte un vin du Château Haut Brion et cela restera dans ma mémoire.

Il est temps de nous quitter. Je me sépare à regret de ma guide (elle est charmante. Je ne sais plus si je vous l'avez dit) et récupère les babioles qu'elle m'offre (pas de bouteilles, je précise) et prends congé.

Dehors, la pluie a cessé. Il fait beau et le soleil brille à nouveau. Mais, c'est peut être dans ma tête que cela se passe?

Jean Claude

Un vin Anti tendance


Voici pour vous un vin ANTI-TENDANCE sans sucre résiduel pour ne laisser s'exprimer que le fruit. Autre particularité, ce Muscadet Sèvre et Maine sur Lie 2004 repose sur l'assemablage de 6 parcelles sélectionnées sur 6 terroirs différents (argile, gabbro, granit, gneiss, schiste et sable).

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Qui vin ne boit après salade est en danger d'être malade

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